Ce deuxième vendredi d’octobre, à l’occasion de l’ouverture de la première session de la deuxième année législative de la 11ème législature, le Roi Mohammed VI a centré son discours sur deux problématiques majeures : la gestion des ressources en eau et l'investissement.
L’investissement productif reste en effet un levier essentiel pour relancer la machine économique toujours plombée par une conjoncture internationale défavorable, marquée par la guerre en Ukraine et la flambée des prix des matières premières.
Le Souverain met ainsi le doigt sur une problématique majeure à laquelle est confronté le pays : il y a une réelle décorrélation entre l’investissement public, qui reste l’un des plus élevés au Maroc (avec un taux d’investissement de 32% du PIB) et le taux de croissance économique. Autrement dit, cette faible productivité de l’investissement public n’a donc que peu d’effet sur la croissance. D’où la nécessité de revoir notre politique d’investissement afin qu’elle soit plus efficace et plus efficiente, et donc davantage pourvoyeuses d’emplois.
Il s’agit donc de faire la chasse à l’investissement improductif. C’est pourquoi le Roi insiste sur «l’ancrage du Maroc dans les secteurs prometteurs» puisque «ces filières offrent des opportunités d’emploi aux jeunes et apportent des sources de financement aux différents programmes sociaux et de développement».
Par ailleurs, il faut davantage cibler l’action publique et, surtout, assurer une meilleure cohérence des politiques publiques. D’où le rôle fondamental de la Charte de l’investissement qui va permettre de renforcer l’attractivité du Maroc pour les investissements privés nationaux et étrangers. Tout autant, les Centres régionaux d’investissement (CRI) occupent une place centrale en tant que dispositifs visant à fluidifier au mieux l’acte d’investir.
Ils sont «appelés à superviser l’intégralité du processus d’investissement et à en accroître l’efficience; ils sont également chargés d’assurer de meilleurs services d’accompagnement et d’encadrement au profit des porteurs de projets, jusqu’à leur concrétisation finale», rappelle le Souverain.
Dans le même ordre d’idées, le Roi insiste sur la nécessité «de la mise en œuvre effective de la Charte de déconcentration administrative, la simplification et la digitalisation des procédures, la facilitation de l’accès au foncier et aux énergies vertes, l’appui financier aux porteurs de projets». Ces dispositifs vont être soutenus par la consolidation des règles de la concurrence loyale et l’opérationnalisation des mécanismes de médiation et d’arbitrage pour le règlement des litiges.
Tout cet arsenal devrait, in fine, permettre d’améliorer sensiblement le climat des affaires au Maroc, et donc de «libérer les énergies, tirer le meilleur parti des potentialités nationales, encourager l’initiative privée, drainer davantage d’investissements étrangers».
C’est pourquoi d’ailleurs le Roi a insisté dans son discours sur le rôle qui échoit au secteur privé dans le domaine de l’investissement, «celle d’une force motrice effective de l’économie nationale». C’est à ce titre, estime-t-il, que «le secteur bancaire et financier national se doit de soutenir et financer la nouvelle génération d’entrepreneurs et d’investisseurs, notamment les jeunes ainsi que les petites et moyennes entreprises».
Clairement, l’investissement ne pourra réellement jouer son rôle de locomotive de l’économie nationale que s’il y a une réelle convergence des actions du public et du privé. Les secteurs public et privé doivent donc forcément cohabiter et cheminer ensemble, main dans la main. Le Roi en a d’emblée fixé le cadre : «le gouvernement, en partenariat avec les secteurs privé et bancaire, devra traduire leurs engagements respectifs dans un ‘’Pacte national pour l’investissement’’».
Objectif : mobiliser 550 Mds de DH d’investissements et créer 500 mille emplois au cours de la période 2022-2026.
Un objectif ambitieux, mais parfaitement réalisable. Qui s’inscrit dans les ambitions du Royaume de construire une économie moderne et résiliente, où tous les acteurs du public et du privé auront leur rôle à jouer. Et ce, dans le cadre d’une démarche concertée, au nom des intérêts supérieurs de la Nation.
F. Ouriaghli