Les drames font souvent réagir. Et l’émotion aidant, l’on peut se surprendre à prendre certains engagements que l’on ne tiendra pas.
Les pouvoirs publics sont souvent confrontés à ces cas de figure : laxisme, drame, fermeté, et laxisme à nouveau jusqu’au prochain drame. C’est un cercle vicieux auquel tout le monde s’accommode désormais.
Mais, heureusement (ou malheureusement), certains évènements ont la particularité de titiller nos consciences pour nous ramener à la réalité. Cette réalité qui nous dit que «petite négligence accouche d’un grand mal».
C’est ce qui s’est produit ce mercredi. La devanture des trois derniers étages de l’immeuble Lyautey, situé sur le boulevard Abderrahmane Sahraoui à côté de Agma, s’est littéralement effondrée.
On ne connaît pas encore les raisons derrière cet incident, mais la triste histoire des effondrements d’immeubles au Maroc nous renseigne que la majorité des accidents tragiques est due à la vétusté des édifices, aux travaux effectués en catimini sans autorisation, ou encore (il)légalement, moyennant un bon dessous de table.
Petit coup d’œil dans le rétroviseur :
- février 2017 : trois personnes d’une même famille trouvent la mort et quatre autres sont blessées dans l’effondrement d’une maison à Sidi Youssef Ben Ali à Marrakech.
- mars 2017 : huit personnes sont condamnées à des peines allant de 10 mois à 5 ans de prison ferme après l’effondrement, quelques mois plus tôt, d’un immeuble au quartier Sbata, à Casablanca, causant la mort de quatre personnes. Elles étaient poursuivi pour homicide involontaire, corruption et construction de bâtiment non conforme à l’autorisation délivrée.
- décembre 2017 : deux personnes sont tuées et trois autres grièvement blessées suite à l’effondrement d’une partie d’un mur servant de clôture extérieure à une société d’aliments pour bétail à Casablanca;
- juillet 2014 : c’est sans aucun doute l’un des accidents les plus tragiques qui a eu lieu dans la métropole ces dernières années. L'effondrement de trois immeubles au quartier Bourgogne à Casablanca a coûté la vie à 23 personnes et fait plus d'une cinquantaine de blessés.
Aujourd’hui encore, Casablanca regorge d’immeubles qui en font de potentiels cercueils en suspension.
Et dans les anciennes médinas, les habitats menaçant ruine foisonnent, rendus vulnérables par les facteurs naturels, mais également par l’âge des constructions qui oscille entre 100 et 200 ans.
C’est dire que, malheureusement, nous en connaîtrons encore des immeubles et maisons qui tombent comme un château de cartes. Avec leurs lots de victimes.■
D. W.