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Divorce pour discorde : Le choix périlleux des couples marocains

Divorce pour discorde : Le choix périlleux des couples marocains
  • Depuis la crise sanitaire liée à la Covid-19, le nombre de divorces a connu un bond significatif au Maroc.
  • Le divorce pour discorde est un recours de plus en plus privilégié par les Marocains.

 

Par M. Boukhari

Un recueil publié par le haut-commissariat au Plan à l'occasion de la célébration de la Journée nationale de la femme, le 10 octobre de chaque année, intitulé «Les femmes marocaines en chiffres», a révélé que plus de 99 % des cas de divorce prononcés étaient liés à la discorde, sur un total de 60.592 affaires parmi les 61.147 jugées en 2022. Par ailleurs, le document met en avant que 13,7% des jeunes femmes âgées de 20 à 24 ans se sont mariées avant l'âge de 18 ans, et 0,5% se sont mariées avant l'âge de 15 ans, selon les dernières données de 2018. «Je constate avec inquiétude la hausse du nombre de divorces au Maroc. L'augmentation du nombre de cas de divorce pour discorde, qui représente plus de 90% des divorces au Maroc, est un phénomène inquiétant», précise Me Nesrine Roudane, avocate au barreau de Casablanca, présidente de la Commission startup et capital risque de l’Union internationale des avocats et associée responsable Roudane Law Firm, en collaboration avec Al Tamimi & Co. Selon Me Roudane, il existe plusieurs facteurs qui peuvent expliquer cette hausse.

«Tout d'abord, la crise sanitaire de la Covid-19 a mis à rude épreuve les relations conjugales. Le confinement, le télétravail et les restrictions sociales ont engendré un stress et une tension supplémentaires dans les foyers. De plus, les disparités sociales et intellectuelles entre les conjoints jouent un rôle significatif. Les jeunes couples, qui se marient souvent sans avoir suffisamment mûri ou sans avoir pris le temps de se connaître, sont plus susceptibles de divorcer. Le manque de communication et de dialogue est également un facteur important. Enfin, la violence à l'égard des femmes est un problème grave au Maroc, et les femmes qui en sont victimes, sont plus susceptibles de demander le divorce». Elle considère également que cette hausse du nombre de divorces a des conséquences importantes sur les individus et la société, notamment des difficultés économiques, des problèmes psychologiques et des traumatismes pour les enfants.

Un divorce irrévocable

La situation du divorce au Maroc est régie par le droit marocain, qui est en grande partie basé sur la loi islamique (la charia). On parle de trois formes de divorce au Maroc. Premièrement, le divorce par consentement mutuel, où les deux parties conviennent du divorce et de ses modalités, telles que la garde des enfants et la répartition des biens. Deuxièmement, le divorce judiciaire qui peut être demandé par l'un des conjoints devant un tribunal, en présentant des motifs légaux pour le divorce. Enfin, le divorce pour discorde pour cause de discorde, également connu sous le nom de divorce chiqaq. Ce dernier est une forme de divorce judiciaire qui peut être demandée par l'époux ou l'épouse si les deux époux ne peuvent plus vivre ensemble en raison de conflits irréconciliables.

Les raisons pour lesquelles certains couples marocains ont recours à ce type de divorce sont variées, mais elles peuvent inclure: «des conflits ou des disputes constants; un manque de communication ou de respect; des abus physiques ou émotionnels; une infidélité; une incompatibilité; une mésentente; etc.», affirme Me Roudane. Elle explique qu’en droit marocain, le divorce chiqaq est défini par les articles 94 et suivants du Code de la famille : «Ces articles prévoient que les époux doivent d'abord tenter une conciliation devant le tribunal. Si la conciliation échoue, le tribunal prononce le divorce et statue sur les droits dus à chacun des époux, tels que la pension alimentaire, la garde des enfants, etc.». Et de poursuivre : «Le divorce chiqaq est un divorce irrévocable, sauf si l'époux qui l'a prononcé consent à le révoquer. Il faut garder présent à l’esprit que si l'épouse demande le divorce chiqaq, elle renonce à certains droits financiers, notamment la motaa».

Promouvoir l’éducation à la vie familiale

Si le divorce pour discorde semble de prime abord l’ultime option pour les couples ne supportant plus de vivre sous le même toit en raison de conflits insurmontables, il reste primordial, d’après Me Roudane, de peser les avantages et les inconvénients de ce type de divorce avant de le demander. Il faut aussi trouver d’autres alternatives qui préservent la famille et les enfants. Ainsi, il est plus que jamais nécessaire de prendre des mesures sérieuses afin de prévenir les divorces en général.

«Il est essentiel de sensibiliser les jeunes au mariage et à ses responsabilités, promouvoir l'éducation à la vie familiale pour apprendre à communiquer efficacement et résoudre les conflits de manière constructive, et offrir un soutien aux couples en difficulté, comme des consultations conjugales ou des groupes de soutien», soutient Me Roudane. Pour l’experte, la promotion des moyens de prévention des conflits familiaux demeure une priorité, au même niveau que le renforcement des mécanismes de médiation pour réduire le nombre de divorces et favoriser des relations familiales plus stables et harmonieuses. «Le divorce devrait être une solution de dernier recours. Il est préférable de tout mettre en œuvre pour sauver son mariage, si possible», conclut-elle.

 

 

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