D’après un récent avis publié par le Conseil de la concurrence, le décrochage scolaire est un phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur dans notre pays. En dépit des leviers sociaux mis en place par l’Etat, les chiffres n’augurent rien de bon. En effet, durant l’année scolaire 2021-2022, 331.558 élèves ont quitté les bancs de l’école.
Cette situation est d’autant plus accentuée par les résultats de l’indicateur LAYS11 (indicateur développé par la Banque mondiale pour calculer la durée effective d’études, ndlr), précisant que le nombre d’années d’apprentissage effectif pour les élèves marocains est de 2,6 ans, alors que cette durée dépasse 11 ans dans les pays développés.
Selon le rapport de la Cour des comptes, au titre de l’année 2021, l’absentéisme des enseignants constitue un facteur majeur ayant un impact direct sur la scolarisation des élèves. Le nombre d’absences d’enseignement perdues pour les élèves est passé de 117.323 jours pour l’année scolaire 2016-2017 à 207.463 jours en 2020-2021. Le taux d’absentéisme le plus haut a été enregistré dans le cycle primaire, suivi du collégial et du qualifiant. Cet état de fait a eu pour conséquence une augmentation notable de la déperdition.
La feuille de route établie par le MEN en 2022 fait état également d’une situation alarmante, précise l’avis du Conseil de la concurrence. Ainsi, en moyenne sept élèves sur dix, en fin du cycle d’enseignement primaire, ne maîtrisent pas la lecture de l’arabe et du français et ne sont pas en mesure de réaliser une simple opération de division. Or, il est désormais prouvé que le degré de maîtrise de la lecture, au niveau du primaire notamment, produit des effets irréversibles sur le développement cognitif de l’élève tout au long de son parcours scolaire et affecte négativement son insertion socioéconomique à l’âge adulte.
Ledit avis rappelle également qu’en 2021, le Maroc a été classé 56ème sur 57 pays participant à la cinquième édition de l’étude internationale sur le progrès en littérature (PIRLS). Selon les résultats de cette édition, 59% des élèves marocains se situent en dessous du niveau minimum de maîtrise de la lecture. Le score moyen obtenu par le Maroc, 372 points, présente un écart de 128 points par rapport à la moyenne internationale fixée à 500 points.
La même source affirme que compte tenu de ce qui précède, la question centrale qui se pose dans le cas du présent avis est de savoir si les mauvais scores des élèves marocains ainsi que les indicateurs alarmants de l’école marocaine ne résultent pas, entre autres, des choix et des programmes scolaires arrêtés en clos au sein du MEN et leur traduction en livres scolaires.