L’escalade de la violence entre le Hamas et Israël a fait quelque 5.000 morts côté palestinien.
Gaza est réduite en un triste enfer sur terre.
Certains observateurs, comme l’écrivain et économiste français Jacques Attali, avaient prévenu contre un «engrenage de violence» depuis février dernier.
Par D. William
Le Proche-Orient est de nouveau le témoin d'un conflit complexe et déchirant entre le peuple palestinien et l'État d'Israël. La situation atteint actuellement son paroxysme avec une intensification des hostilités entre le Hamas et l'armée israélienne. Depuis l’offensive menée par le Hamas en territoire israélien le 7 octobre et qui a fait 1.400 morts, Tsahal bombarde Gaza sans répit. Et sans retenue, avec ce qui semble être l’assentiment de la communauté internationale, particulièrement les Occidentaux. Israël, qui veut en finir définitivement avec le Hamas, a désormais carte blanche pour tuer.
Sans que cela n’émeuve personne. Hormis les pays arabes qui restent mobilisés pour tenter d’arriver à une désescalade. Des efforts vains pour le moment. Car la vengeance aveugle d’Israël fait, chaque jour, de plus en plus de morts : près de 5.000 Palestiniens ont été tués, en majorité des civils, dans cette tragédie inqualifiable. Parmi eux, nombre d’enfants et de femmes innocents qui paient le prix le plus lourd dans ce conflit meurtrier. Alors que certains pays appellent à un cessez-lefeu hypothétique, Israël, au contraire, intensifie les bombardements sur Gaza, plongeant ce territoire dans le chaos et la population dans une situation de désarroi incommensurable.
Gaza, cette étroite bande de terre déjà accablée par l'extrême densité de sa population, se trouve aujourd'hui réduite en un triste enfer sur terre. Les fracas des frappes israéliennes ont transformé les rues en amas de gravats et les foyers en ruines fumantes, laissant une population démunie, sans abri, ni ressources. L'ONU elle-même, gardienne des principes humanitaires les plus élémentaires, a lancé un appel déchirant à la solidarité internationale, plaidant pour un afflux massif de l’aide humanitaire, qui parvient au compte-gouttes. Ce n’est que samedi dernier qu’un premier convoi de 20 camions a pu être acheminé, ce qui est très loin des besoins des 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza.
Les Etats-Unis et Israël ont cependant assuré qu’il y aurait «un flux continu». Dans un élan de solidarité, le Roi Mohammed VI a ordonné, le 23 octobre, l’envoi d’une aide humanitaire d’urgence aux populations palestiniennes. Ces aides comprennent des quantités importantes de denrées alimentaires, de produits médicaux et d’eau. Néanmoins, l’aide qui parvient aux Gazaouis, qui subissent un siège total les privant d’eau, d’électricité et de nourriture, est bien dérisoire.
Selon l'ONU, 200 camions seraient nécessaires chaque jour pour répondre aux besoins de la population civile. Une centaine entrait chaque jour avant l'éclatement du conflit. La paix s’éloigne Cette escalade de la violence compromet sérieusement les chances de paix entre la Palestine et Israël. Mais en imputer la responsabilité première au Hamas, comme le fait l’Occident en ce moment, est bien réducteur. Le gouvernement israélien, sous la direction du Premier ministre Benjamin Netanyahou, a en effet contribué de manière significative à la détérioration de la situation actuelle. La politique de colonisation menée par Israël se pose comme l'un des principaux obstacles à la paix. Les colonies israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est sont non seulement illégales au regard du droit international, mais elles portent aussi atteinte aux droits fondamentaux du peuple palestinien.
Benjamin Netanyahu, en ayant fait de la colonisation une pierre angulaire de sa politique, porte une lourde responsabilité dans ce qui se passe actuellement, les Palestiniens se voyant privés de plus en plus de leurs terres à cause de l’expansion sans restriction des colonies de peuplement. Ce qui, forcément, nourrit les tensions, voire la haine envers Israël. En février dernier, l’écrivain et économiste français Jacques Attali avait déjà tiré la sonnette d’alarme. Dans un article publié sur la tribune juive.info, il soulignait que «le gouvernement actuel, en provoquant, en martyrisant les Palestiniens, ne peut qu’entraîner un engrenage de violence dont Israël sera la principale victime.
Moralement, on ne peut rester un grand pays quand toute une jeunesse ne connaît ses voisins qu’au bout d’un fusil, quand un gouvernement traite les autres comme des sous-hommes, et en tout cas comme des souscitoyens». Le temps lui a visiblement donné raison. Le jeu politique pervers de Netanyahou a non seulement divisé la société israélienne, mais a également contribué à compromettre les chances de paix au Proche-Orient en exacerbant les tensions et les hostilités dans la région.
L'impératif d'une solution à deux États
Pour que les peuples palestinien et israélien puissent vivre en paix, il est impératif qu'Israël accepte la création d'un État palestinien indépendant, dans le respect du droit international. Seule une solution à deux États, garantissant la sécurité et les droits fondamentaux des deux parties, peut offrir un espoir de stabilité à une région qui a été marquée par la souffrance et le conflit pendant des générations.
C’est une constante qui a été d’ailleurs toujours défendue par le Roi Mohammed VI, président du Comité Al Qods. Une constante qui a été réitérée au «Sommet de la paix» tenue samedi dernier au Caire. En effet, parmi les cinq messages adressés à la communauté internationale par le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita, figure «l'impératif de lancer un véritable processus de paix qui mène à la solution à deux États, un État palestinien dans les frontières du 4 juin 1967, avec Al Qods-Est comme capitale, vivant côte à côte avec l'État d'Israël». La résolution de ce conflit complexe et profondément ancré est essentielle pour l'instauration de la paix durable au Moyen-Orient. Mais cela nécessite des actes courageux et une volonté politique sincère de la part de toutes les parties concernées.