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La communauté internationale passe le Hamas par pertes et fracas

La communauté internationale passe le Hamas par pertes et fracas

Par Mustapha Tossa

Face à cette nouvelle escalade entre Israël et le Hamas et dès les premières réactions de la communauté  internationale, le mouvement Hamas a été passé par pertes et fracas. Devant les horreurs des atrocités commises notamment à l’encontre des civils israéliens, massivement diffusées par les réseaux sociaux, une condamnation intense a été proclamée à l’encontre du Hamas, le rendant non seulement infréquentable sur le plan international mais dont la disparition serait vue par d’importants acteurs de cette crise comme un lot légitime de consolation pour Israël.


Au lendemain de ce fameux 7 octobre, le gouvernement israélien, direction politique et leadership israélien, a ciblé le Hamas comme un objectif stratégique à détruire. La prochaine séquence guerrière israélienne dans cette région aura pour slogan la liquidation du Hamas et l’exécution de sa direction. Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, est allé jusqu’à proférer des menaces contre les pays qui traitent avec le Hamas et lui fournissent couverture politique et aides économiques.


Dans le contexte actuel, la stratégie israélienne a de fortes chances d’être audible dans les principaux forums internationaux. Le Hamas sera une organisation non grata et isolé. Pour Israël comme pour l’Administration américaine et les pays européens, la moindre sympathie avec le Hamas, encore moins son parrainage politique et économique, serait considérée comme une connivence avec sa logique terroriste. Cette nouvelle pression internationale s’est déjà fait sentir lors de la dernière réunion des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe qui se sont délibérément abstenus de citer le Hamas pour concentrer leur attention sur l’autorité palestinienne, représentant légitime du peuple palestinien.


Cette posture arabe est tout à fait logique. Les poids lourds des pays du Golfe, notamment le Royaume d’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis se sont toujours opposés à l’agenda politique du Hamas. A leurs yeux, ce mouvement palestinien présente deux handicaps majeurs. Le premier est qu’il est une pièce maîtresse de la confrérie des frères musulmans qui rêvent, sous l’impulsion de la Turquie et du Qatar, de provoquer des soulèvements contre les monarchies du Golfe. Le second est qu’il est devenu un instrument de guerre de l’influence iranienne dans la région au même titre que son bras armé au Liban, le Hezbollah.


Sur le plan européen, le Hamas aura à subir un grand rouleau compresseur. Déjà catalogué dans son aile armée sur la liste des organisations terroristes, ces pays européens s’apprêtent à agir à plusieurs niveaux pour tenter de l’étrangler. 


Le premier niveau est de tenter d’asphyxier les tendances des frères musulmans qui lui apportent leurs soutiens. Cette tendance existait déjà dans le contexte d’une lutte contre le radicalisme et le séparatisme. Elle sera accentuée au nom de la peur contre des attentats terroristes. En plus du débat sur cette crise au Proche-Orient, Il s’est trouvé des commentateurs politiques pour alerter l’opinion française que le sanglant scénario appliqué par Hamas aux colonies israéliennes, près de Gaza, pourrait se reproduire sur les territoires européens, l’œuvre potentielle des radicaux des frères musulmans.


Le second niveau est celui des États qui entretiennent des alliances structurelles avec le Hamas. Le plus célèbre d’entre eux est le Qatar. En France, ce petit émirat du Golfe commence à être interpellé sur son rôle dans cette puissance de feu du Hamas. Le patron des Républicains, Éric Ciotti, avait écrit une lettre au président Emmanuel Macron lui demandant instamment de revenir sur l’accord fiscal signé entre la France et le Qatar et qui accorde des exonérations à Doha à hauteur de 200 millions d’euros par an. 


Même si le légendaire compromis de paix, indispensable demain pour mettre fin à cette guerre, impose qu’Israël doit discuter d’abord avec ses ennemis, il n’est pas certain que dans le contexte actuel ni l’Etat hébreu, ni ses alliés occidentaux ne  toléreraient la présence du Hamas à une table de négociations. Et ce ne sont pas les pays arabes de la région qui vont se plaindre de cette situation, le Hamas, frère musulman, étant d’abord un de leurs cauchemars politique et sécuritaire le plus dangereux.  


Pour de nombreux commentateurs, le Hamas a perdu dans cette crise son statut de possible interlocuteur politique. Les Israéliens, et derrière eux la communauté internationale, sont tellement remontés contre lui qu’il est impossible de l’imaginer prochainement assis à une table de négociations avec qui que soit. Pour Israël, sa disparition des radars est déjà présentée comme le prix à payer pour éventuellement reparler paix et diplomatie.

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