◆ La façon dont le virus se propage dans le corps humain peut parfois fausser les résultats des tests PCR. D’où les fameux faux négatifs.
Par Ibtissam Z.
C’est une interrogation que se posent de nombreux citoyens qui ont pu, parfois, constater que des gens testés négatifs sont porteurs du virus. En réalité, il faut prendre en considération la période d’incubation qui est de plusieurs jours. Les symptômes peuvent alors prendre du temps avant d’apparaître, notamment les maux de tête, la fièvre, l’écoulement nasal, la toux, la perte de goût et d’odorat...
En effet, «la période d’incubation commence au contage par le virus (contamination) et la détection du virus au niveau de la sphère ORL, par les techniques classiques. Elle est de 5 à 7 jours. On peut constater l’apparition de symptômes à la fin de cette période d’incubation», explique le Dr Mounir Fillali, biologiste depuis 20 ans.
Ainsi, si le test de dépistage est réalisé trop tôt au cours de l’infection, le résultat peut présenter un faux négatif, alors que le patient est porteur du virus. «Les faux négatifs sont dus principalement au fait que les tests PCR au niveau de la sphère ORL (nasopharynx ou oraux) sont soit réalisés trop tôt (période d’incubation du virus), soit trop tard (absence du virus dans la sphère ORL). Parfois, cela est dû au fait qu’ils sont pratiqués par des personnes non habilitées à le réaliser. D'où ma recommandation d’effectuer les tests chez des personnes expérimentées et professionnelles», ajoute-t-il.
La réussite d’un test PCR repose sur trois critères importants : le pré-analytique, c’est-à-dire un bon prélèvement dans le respect des normes, l’acheminement rapide du prélèvement, étant donné que l’ARN est très fragile contrairement à l’ADN qui est plus solide et résistante, et la phase analytique qui comprend une PCR bien faite.
Alors pourquoi sommes-nous confrontés à davantage de faux négatifs ?
«En pourcentage, on ne constate pas de plus en plus de faux négatifs. Cette impression est due simplement au fait que plus les tests sont réalisés, plus le nombre de faux négatifs augmente. Les faux négatifs sont intrinsèquement liés à la technique par PCR. N’oublions pas que les kits permettant la réalisation de ces tests sont jeunes, qu’ils ont tout au plus 6 à 8 mois d’ancienneté. Leurs performances, malgré les progrès énormes réalisés, restent encore aujourd’hui moyens, si on les compare par exemple à d’autres tests réalisés en laboratoire, comme les tests contre le VIH ou l’hépatite C. C’est pourquoi je recommande de faire les tests dans les laboratoires publics et- ou privés», précise Dr Fillali.
«Et en cas de doute, s’adresser aux biologistes et médecins. Ils sont là au service du citoyen pour l’éclairer et l’aider dans sa prise en charge. Le test peut être refait sans problème en cas de doute», poursuit le pharmacien-biologiste, qui effectue dans son laboratoire privé plus d’une centaine de tests PCR par jour.
La science est en constante évolution. D’autres alternatives peuvent compléter les tests PCR, comme notamment les tests antigéniques. Selon notre interlocuteur, «les tests antigéniques sont très attendus pour leur simplicité et facilité d’utilisation, ainsi que pour leur rapidité d’analyse et de rendu des résultats. Leurs performances sont aujourd’hui acceptables et ils peuvent être généralisés facilement à l’ensemble des structures de soins, petites ou grandes. Cependant, leur utilisation doit être encadrée et doit rester dans la main des professionnels du diagnostic biologique, à savoir les biologistes médicaux. Ceci pour éviter les dérives liées à leur mauvaise utilisation. En résumé, ils peuvent être d’une grande efficacité s’ils s’inscrivent dans une stratégie du dépistage et du diagnostic encadrée par les professionnels du domaine».
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