C’est finalement dans l’escarcelle du Groupe Holmarcom qu’est tombé le Crédit du Maroc. La filiale du groupe français Crédit Agricole SA n’a pas résisté longtemps aux avances appuyées de la holding dirigée par Mohamed Hassan Bensalah. Du jour où Holmarcom a avoué être en discussions avec Crédit Agricole SA concernant l’acquisition éventuelle de sa participation au sein de sa filiale marocaine, à la concrétisation de l’opération, il s’est passé exactement 7 mois. Pour qui connaît bien le Crédit du Maroc, cela paraît très peu. Cette banque est réputée pour … faire sa difficile. On la traite de caractérielle et elle n’accorde souvent que peu de crédit à ceux qui lui tournent autour.
Des prétendants, elle en a remballé un bon paquet, surtout au milieu des années 2000. Cela n’a pas empêché le marché de lui prêter régulièrement des relations qu’elle n’a pas eues. Le prétendant le plus connu et non moins sérieux fut Wafabank. Sa cour assidue à la filiale du Crédit Agricole a duré plusieurs années. Sans succès. Cet établissement bancaire s’est ainsi pris un sacré râteau, quand bien même il avait de solides arguments à faire valoir, puisqu’il détenait à l’époque 33% du capital de Crédit du Maroc.
Et même avec le rapprochement BCM-Wafabank, qui a donné naissance au groupe bancaire Attijariwafa bank, l’envie de séduire CDM ne s’est pas éteinte. Mais il n’y aura pas de suite, Attijariwafa bank devant se contenter de ce que lui a offert le Crédit Agricole : ses filiales en Afrique subsaharienne.
Opération séduction
Comment Holmarcom est-il alors arrivé à faire flancher le Crédit du Maroc ? En 7 mois, il est parvenu à mettre fin à une très longue période d’incertitude sur une éventuelle cession des participations du Crédit Agricole dans CDM. Reconnaissons-le quand même, Holmarcom ne manque pas d’arguments. Groupe multimétier, il s’active dans quatre principaux pôles d’activité : la finance, l’agro-industrie, la logistique et l’immobilier. Il peut se targuer de disposer de deux sociétés cotées, à savoir Les eaux minérales d’Oulmès et AtlantaSanad Assurance. De plus, fort d’une expérience et d’une expertise qui puisent leurs racines dans plus d’un demi-siècle d’activité au Maroc, le Groupe nourrit aussi de grosses ambitions de développement sur le continent africain.
Bref, dit autrement, Holmarcom est un bon parti. Qui a de l’avenir en plus. C’est peut-être cela qui a fait chavirer le cœur de Crédit du Maroc.
Maintenant que la banque a enfin trouvé chaussure à son pied, il faut juste espérer que les autorités réglementaires bénissent cette union.
La suite pour Holmarcom ? On ne saurait le dire. Ce petit coquin a plus d’un tour dans son sac. Ces dernières années, il n’a d’ailleurs eu cesse de surprendre le marché. En commençant notamment à faire des enfants un peu partout en Afrique (Sénégal, Bénin, Côte d‘Ivoire, Burkina Faso et Kenya).
Alors, Holmarcom, courtisan invétéré et irrésistible ou juste un investisseur madré et ambitieux ?
F. Ouriaghli