Présent depuis 2017 à Casablanca, Heetch Maroc a saisi le 21 mars le Conseil de la Concurrence, présidé par Driss Guerraoui, pour concurrence déloyale. Et ceci, à l’encontre de MM Networks, entité développant au Maroc les activités de la société Careem Networks FZ LCC siégeant à Dubaï, indique Heetch dans un communiqué.
Qui dit avoir «présenté une liste des infractions à la loi et pratiques frauduleuses exercées dans les domaines du transport public, mais aussi touristique par MM Networks et Careem Networks FZ LCC qui engendrent une distorsion du jeu de la concurrence».
Rappelons que Heetch Maroc a développé la marque Fiddek, permettant la mise en relation de chauffeurs de taxis agréés et de particuliers.
Fruit d’une collaboration avec l’UMT et les syndicats de taxi, cette activité a également obtenu l’agrémentation de la Wilaya de Casablanca, faisant ainsi de Heetch, la seule et unique application agréée au Maroc en ce domaine, souligne le communiqué.
Précisant que «Careem met en relation des conducteurs non professionnels et non agréés avec des clients. Appelés dans quelques cas «captains» ou «ambassadeurs», ces chauffeurs sont généralement des salariés non déclarés ou, dans la majorité, prestataires informels qui ne répondent à aucune exigence légale, parmi lesquelles l’obligation d’obtenir un agrément et une autorisation».
Selon Heetch, «l’utilisation de personnels non déclarés offre l’avantage de ne pas devoir payer de frais liés à la gestion de personne, notamment au niveau des administrations fiscales et sociales, et de se décharger de toute responsabilité à l’égard de la clientèle, puisqu’en cas d’accident, le seul responsable reste le conducteur».
«Ces pratiques frauduleuses ont des répercussions contraires à l’intérêt des consommateurs qui sont transportés par des chauffeurs non professionnels, non réglementés, ce qui peut aller à l’encontre de leur sécurité», poursuit le communiqué.
Pour Heetch, «en exerçant une activité réglementée au travers de chauffeurs qui ne s’acquittent d’aucun agrément ou autorisation, ces applications s’accaparent des parts de marché qui sont normalement réservées à des acteurs respectant la législation en la matière, notamment le règlement de charges conséquentes».
Des ambitions même affichées par des communiqués, à savoir créer 100.000 emplois, se feront naturellement au détriment des 90.000 chauffeurs de taxi légaux, note la même source.
«Le nombre d’utilisateurs ne va pas doubler. Ce sont les mêmes qui vont prendre un taxi ou un autre moyen de transport illégal», souligne Hicham Amadi, président du Conseil d’Administration de Heetch Maroc, cité dans le communiqué.
En réalité, poursuit Heetch, ces applications illégales ne font que diminuer les revenus des chauffeurs disposant d’agrément et travaillant en conformité avec la loi marocaine.
«Nous soutenons et nous nous joignons à cette saisine. La loi marocaine devrait s'appliquer à tous.
Ce service devrait protéger les intérêts du chauffeur de taxi tout comme ceux du consommateur», indique pour sa part Sadik Boujaera, secrétaire général adjoint du Syndicat national des taxis de l’UMT.
«Le lien de subordination existant entre les chauffeurs et les sociétés gérant ces applications, ainsi que le pouvoir de contrôle et de sanction ou encore la détermination unilatérale des tarifs… sont autant d’éléments qui convergent pour démontrer que ces applications se comportent plus comme des employeurs que comme de simples intermédiaires entre chauffeurs et consommateurs», fait savoir Heetch.
«Elles le font cependant sans s’acquitter de taxes et cotisations sociales, ce qui leur permet de bénéficier d’avantages concurrentiels par rapport à tous les opérateurs économiques intervenant dans le respect des lois du Royaume du Maroc», conclut le communiqué.
Rappelons que le fin mars dernier Careem et Uber ont conclu un accord en vertu duquel Uber va acquérir Careem pour 3,1 milliards de dollars.
Avec cet accord, Uber prendra possession l'ensemble des services de Careem au Maroc, au Moyen-Orient et au Pakistan.
A l’issue de la transaction, qui doit être finalisée au premier trimestre 2020, Careem deviendra une filiale à 100% d’Uber et continuera à opérer sous sa marque.