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Huiles de table: Entre envolée des prix et nécessité d’une autonomie alimentaire

Huiles de table: Entre envolée des prix et nécessité d’une autonomie alimentaire

Les tensions géopolitiques entre plusieurs pays continuent de pousser les prix des matières premières, dont l’huile végétale, vers des niveaux jamais vus. En février, l’Indice FAO des prix des huiles végétales a bondi de 8,5% pour s’afficher à un nouveau record de 201,7 points.

Pour cause : la hausse des prix mondiaux de l’huile de palme, soutenue par une forte demande internationale qui a coïncidé avec la réduction des disponibilités en Indonésie, premier exportateur mondial.

En même temps, l’huile de soja a aussi progressé compte tenu de la détérioration des perspectives de production de soja en Amérique du Sud. Les inquiétudes liées à la guerre en Ukraine et aux perturbations dans la région de la mer Noire ont provoqué l’envolée du prix de l’huile de tournesol.

Par ailleurs, la flambée des prix du pétrole brut a également soutenu les cours des huiles végétales.

Il faut rappeler que la Russie et l'Ukraine sont l'un des plus gros producteurs de tournesol au monde. Chaque année, en moyenne 15 millions de tonnes de tournesol sont produites sur le sol ukrainien. Elle assure 50% du commerce mondial d’huile de tournesol.

Avec la Russie, ce sont plus de 80% des exportations mondiales. La guerre entre les deux pays a mis en péril l'approvisionnement des industriels de l'agroalimentaire.

À ces raisons, s’ajoutent quelques motifs conjoncturels pour expliquer la hausse des prix actuelle. En 2021, la production européenne n’a pas dépassé 17 millions de tonnes (Mt) pour le colza, et celle d’autres oléagineux (tournesol, soja) 30 Mt.

La demande mondiale n’a jamais été aussi forte. Mais l’offre, elle, est à la peine. Les producteurs sont confrontés à un double problème : une pénurie de main-d’œuvre et des stocks au plus bas.

Par exemple, l’Indonésie, premier producteur d’huile de palme, a drastiquement baissé ses exportations pour privilégier le marché domestique. Cela explique en grande partie que ce type d’huile se vend aujourd’hui 61% plus cher qu’il y a un an. Un record. Ce décalage offre-demande entraine logiquement une hausse des prix.

 

Comment réduire la dépendance aux importations

Au Maroc, la consommation d’huile végétale affiche un niveau en croissance continue depuis une décennie. Face à cette tendance, de nombreux efforts sont déployés pour augmenter la production nationale, qui reste encore faible.

Rappelons que la production d’oléagineux au Maroc reste encore insuffisante pour combler la consommation du pays. Le Royaume a acheté, en 2020/2021, 450.000 tonnes d’huile de soja sur le marché international, ce qui en fait le 7ème importateur mondial selon le Département américain de l’agriculture (USDA).

La hausse des prix des produits oléagineux amorcée fin 2020 a démontré l’importance de développer la production nationale d’oléagineux pour réduire la dépendance du Maroc aux importations et améliorer l’autonomie alimentaire. Ces ambitions sont portées par la Fédération interprofessionnelle des oléagineux du Maroc (FOLÉA) et soutenues par le programme Maghreb Oléagineux, cofinancé par l’Union européenne et Terres Univia, qui accompagne les agriculteurs marocains souhaitant développer les cultures de colza et de tournesol.

L’industrie marocaine des oléagineux nourrit de grandes ambitions. Dans sa nouvelle stratégie dénommée «Al Jayl Al Akhdar», la filière envisage de doubler les superficies emblavées à 80.000 hectares à l’horizon 2030, dont 30.000 en colza et 50.000 pour le tournesol. Elle devrait permettre d’atteindre une production capable de satisfaire, à cette échéance, 15% des besoins de consommation du marché intérieur contre 1,7% en 2019, et générer 170.000 emplois.

La réussite de ce plan repose en effet sur l’adhésion des agriculteurs ciblés, les aléas climatiques et l’accès à des semences de qualité et à fort potentiel de rendement, ce qui est un levier essentiel au développement des cultures oléagineuses.

Avec plus de 1.100 variétés inscrites, le catalogue européen offre aux agriculteurs marocains des semences garanties sans OGM et parfaitement adaptées aux spécificités des bassins de production du Maroc. Elles bénéficient également d’une haute faculté germinative afin d’améliorer la performance de leurs productions. 

 

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