Par Abdelhak Najib
Dans son discours du 11 octobre 2013, Sa Majesté le Roi Mohammed VI avait dressé un constat sans appel de l’état du développement de la capitale économique du Royaume: « Casablanca est la ville des disparités sociales les plus criantes, où se côtoient les catégories riches et les classes pauvres. C’est la ville des gratte-ciel et des bidonvilles. C’est le centre de la finance et des affaires, mais aussi de la misère, du chômage et d’autres maux, sans parler des déchets et des ordures qui en ternissent la blancheur et entachent la réputation.».
Ce constat très sévère ne souffre d’aucune ombre. Presque dix ans, plus tard, le constat est encore plus alarmant. On l’a vécu cette semaine, avec les précipitations qui se sont abattues sur trois jours, du 6 au 8 janvier 2021. La capitale économique du pays a sombré dans le chaos en prenant l’eau de toutes parts. Pas un seul quartier n’a été épargné.
Les inondations ont touché toutes les zones urbaines, dans toutes les directions, montrant toute la fragilité et la vulnérabilité d’une mégapole bâtie sur l’argile. Il suffit d’une bonne averse pour que la ville soit paralysée. Ce qui rejoint les propos du Souverain en 2013, déjà: “Pourquoi cette ville, qui compte parmi les plus riches du Maroc, ne connaît-elle pas concrètement l'essor auquel aspirent les Casablancaises et les Casablancais". C’est simple. La réponse est limpide: les infrastructures de la ville sont friables, archaïques et menaçant ruine.
Pour en faire une capitale moderne qui serve de locomotive à l’économie nationale et régionale, il faut que Casablanca soit bâtie aux normes mondiales, sans failles, avec des infrastructures irréprochables. Sa Majesté l’avait bien clarifié lors de son discours d’octobre 2013: “Il s’agit là d'un projet dont la concrétisation exige des infrastructures et des services de base, la consolidation des règles de bonne gouvernance, la mise en place d'un cadre juridique approprié, la formation de ressources humaines hautement qualifiées et l'adoption de techniques et de méthodes de gestion modernes, soit des atouts dont ne dispose pas cette grande métropole", affirmait le Roi Mohammed VI.
Le Souverain avait pointé du doigt tous les dysfonctionnements de la ville de Casablanca qui n’arrive pas, malgré tous les moyens mis en place pour la faire décoller: "Faible efficacité des interventions de certains services provinciaux et régionaux des différents départements ministériels, le mode de gestion adopté par certains Conseils élus qui se sont succédé à la gestion de la ville, et les antagonismes stériles entre leurs composantes respectives, ainsi que la multiplicité des fonctions assumées par les membres de ces Conseils et le cumul des responsabilités, sont notamment les causes de cette situation".
Le Roi a fait le bilan sévère de ce qui handicape cette ville: “problèmes enregistrés dans les domaines de l'assainissement, où les réalisations restent limitées, en tout cas bien en deçà des besoins de la population, en comparaison avec ce qui a été réalisé à Rabat, Fès, Marrakech et d'autres villes encore".
Et nous l’avons vérifié dans la douleur avec les inondations qui frappent la cité blanche coupant des routes et isolant des zones entières qui restent livrées à elles-mêmes. Sans parler des effondrements de maisons menaçant ruine et dont la ville compte des centaines dans tous les vieux quartiers.
A quand un plan d’urgence pour la ville? A quand un plan de sauvetage pour la capitale économique du Royaume qui reste très en deçà de ses ambitions.