Les professionnels des métiers de bouche craignent aujourd’hui le pire pour leur secteur déjà fortement affaibli par la crise sanitaire de la Covid-19. Et pour cause, la décision des autorités marocaines d’instaurer un couvre-feu durant le mois de Ramadan de 20h jusqu’à 6h du matin. L’arrêt complet de l’activité tout au long d’un mois est un coup de massue que les cafés et restaurants auront sûrement du mal à encaisser.
«Il faut s’attendre maintenant à de grosses faillites dans le secteur; celles-ci pourraient atteindre 40% après le mois de Ramadan. Il faut en effet savoir que la grande majorité des cafés et restaurants n’a pas reçu de subventions, que la plupart sont dans une perspective de maintien et de survie et qu’ils n’ont plus aujourd’hui les moyens de supporter une sous-activité», nous confie Mohamed Elfane, président de la Fédération marocaine de la franchise.
Et d’ajouter qu’«un courrier a été envoyé au chef de gouvernement pour remonter nos doléances et demander des autorisations exceptionnelles d’ouverture et de déplacement jusqu’à 2h du matin afin de permettre à ceux qui le peuvent, et qui ne sont pas nombreux, de faire de la livraison».
Il est évident que les répercussions sur les entreprises du secteur seront très lourdes, surtout pour l’employabilité, ainsi que la viabilité des entreprises.
«La situation est gravissime. Le déblocage des salaires signés dans le cadre du contrat-programme exclusif commence à peine à être octroyé et sous d’énormes conditions, alors que la plupart des entreprises qui ont tenu le coup pour ne pas détruire les salaires, se retrouvent privées ou peu remboursées par rapport à ces montants-là», nous affirme Elfane.
Il exprime également son incompréhension face à de telles mesures, surtout qu’aucun foyer de la Covid-19 n’a jusqu’ici émergé des cafés ou des restaurants. Pour les autorités, cette décision de mettre en place un couvre-feu est nécessaire.
Le chef du gouvernement, Saad Eddine El Otmani, a d’ailleurs indiqué que «la prolongation des mesures de précaution pendant Ramadan est une décision difficile, mais imposée par nécessité»