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Tourisme au Maroc : 17,4 millions de touristes, un jackpot qui annonce l’avenir

Tourisme au Maroc : 17,4 millions de touristes, un jackpot qui annonce l’avenir


Le Maroc s’impose aujourd’hui comme l’un des acteurs majeurs du tourisme en Afrique et au-delà, consolidant sa position de puissance régionale. 

Par Marwane El Bouzdaini, économiste et auditeur de métier.

 

En 2024, le pays a accueilli un nombre record de 17,4 millions de visiteurs, dépassant de deux ans les projections initiales du ministère du Tourisme.

Sur le plan économique, les recettes générées par le secteur entre janvier et novembre ont atteint 104 milliards de dirhams, confirmant ainsi le rôle central du tourisme dans la dynamique de croissance nationale (source : Ministère du Tourisme).

Cette trajectoire ascendante n’est en rien fortuite ; elle résulte d’une stratégie réfléchie, mise en œuvre depuis le début du règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, articulée autour de visions ambitieuses et de plans structurants.

Dès les années 2000, le secteur a bénéficié d’une feuille de route claire à travers la Vision 2010, suivie de la Vision 2020. Des initiatives emblématiques, telles que le Plan Azur et le développement du tourisme culturel et urbain, ont profondément transformé l’offre touristique marocaine.

Parallèlement, l’amélioration continue des infrastructures, la montée en gamme de l’offre hôtelière et l’expansion des liaisons aériennes ont permis d’accroître l’attractivité du pays. À horizon 2030, le Maroc ambitionne d’atteindre 26 millions de touristes, une cible ambitieuse qui illustre la confiance des autorités dans le potentiel de croissance du secteur.

Le tourisme marocain, levier de puissance et facteur de stabilité

Au-delà de sa contribution économique, le tourisme joue un rôle clé dans le rayonnement international du Maroc. Il constitue un levier de soft power en mettant en avant le patrimoine, l’hospitalité et la stabilité du pays. Fort de son histoire millénaire et de son identité culturelle singulière, le Royaume se positionne comme une destination de référence sur la scène internationale.

Dans un contexte géopolitique marqué par des tensions, la stabilité politique et sécuritaire du Maroc en fait une destination privilégiée, tant pour les visiteurs que pour les investisseurs. Cet équilibre est renforcé par une diplomatie proactive qui mise sur la culture et les grands événements internationaux pour asseoir l’image d’un pays moderne et dynamique.

Le sport s’est imposé comme un vecteur supplémentaire de notoriété. L’épopée de l’équipe nationale lors de la Coupe du Monde 2022, avec une qualification historique en demi-finale, a offert une visibilité inédite au Maroc, renforçant son attractivité sur le plan international.

L’organisation prochaine de la Coupe d’Afrique des Nations en 2025 et de la Coupe du Monde 2030, en partenariat avec l’Espagne et le Portugal, constitue une opportunité stratégique pour consolider cette dynamique et générer des retombées économiques et touristiques substantielles.

Le tourisme sportif : un catalyseur de croissance

Les grandes compétitions sportives à venir représentent un levier de développement majeur pour le secteur touristique marocain. La CAN 2025 devrait générer plus de 10 milliards de dirhams de recettes additionnelles et attirer jusqu’à 1,5 million de visiteurs supplémentaires (source : ONMT).

De son côté, la Coupe du Monde 2030 entraînera une modernisation des infrastructures estimée à 15 milliards de dirhams, avec des effets multiplicateurs sur l’image et l’attractivité du pays. Toutefois, pour capitaliser pleinement sur ces opportunités, une approche intégrée et proactive est nécessaire, combinant investissements structurels et innovations sectorielles.

S’inspirer des meilleures pratiques internationales

Afin de pérenniser la croissance du secteur et maximiser son impact, le Maroc pourrait s’inspirer de stratégies éprouvées à l’international :

1- Promotion par la réalité virtuelle et augmentée : La Nouvelle-Zélande a misé sur la réalité virtuelle pour proposer des visites immersives de ses sites touristiques, stimulant ainsi la demande. Une application similaire pourrait enrichir la valorisation du patrimoine marocain.

2- Développement du tourisme rural et immersif : L’Autriche a su mettre en avant son terroir à travers une offre intégrant gastronomie et artisanat. Le Maroc, avec la diversité de ses régions, pourrait exploiter davantage cette niche pour attirer une clientèle en quête d’authenticité.

3- Gestion intelligente des flux touristiques : Des villes comme Barcelone ont adopté des systèmes de régulation pour optimiser l’accès aux sites et prévenir la surfréquentation. Des solutions similaires pourraient être déployées à Marrakech et Fès.

4- Création de hubs touristiques multi-expériences : Dubaï a su diversifier son offre en intégrant loisirs, shopping et événements culturels. Le Maroc pourrait s’inspirer de cette approche pour renforcer l’attractivité de ses principales destinations.

5- Modernisation du réseau ferroviaire régional : Si le TGV constitue un atout, son extension à d’autres régions permettrait de désenclaver certaines zones et d’encourager une répartition plus équilibrée des flux touristiques.

Le Maroc est aujourd’hui à un tournant. Fort de ses succès passés, il ne peut se contenter d’un tourisme de rente. L’avenir exige une transformation en profondeur, où l’innovation et la durabilité ne sont plus des options mais des impératifs.

Au-delà des chiffres et des infrastructures, le véritable enjeu réside dans la capacité du Maroc à imposer son modèle, à façonner les tendances et à s’inscrire comme un acteur incontournable du tourisme mondial.

Dans la compétition internationale, ce ne sont pas les destinations qui s’adaptent qui dominent, mais celles qui réinventent le voyage.

 

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