Ce tube nous a tous bercés au début des années 90, composé et écrit par Klaus Meine et chanté magistralement par ce même Klaus et son groupe.
Les paroles de la chanson, écrite en 1990, lui ont été inspirées par le Moscow Music Peace Festival de 1989, le premier festival de musique rock occidentale donné dans le bloc soviétique, auquel Scorpions participa. Elles mettent en avant les changements politiques du début des années 1990 en Europe de l’Est, c’est-à-dire la chute du bloc communiste (qui mena par la suite à la disparition de l'URSS).
Klaus Meine évoque dans la chanson la Moskova, rivière qui traverse Moscou et son parc Gorki. Wind of Change a été inspirée à Klaus Meine lors de cette visite des Scorpions à Moscou en 1989, et il a donc inclus dans la chanson diverses références à la ville.
Le présent article ne se veut être ni une critique dans les charts ni le Billboard, loin de là, mais a éveillé en moi une réflexion sur le Wind of Change apporté par cette phase de notre vie que j’intitulerais «Virus of Change», et que je souhaiterais partager avec vous, en vous invitant à faire une introspection et à réfléchir à l’impact du «Change » opéré de nos jours sur chacun de nous.
La pandémie actuelle est classée comme étant l’une des pires tragédies des 100 dernières années, causant l’infection de plus de 130 millions de personnes (au 30/04/2021) et plus de 2,9 millions de décès. La maladie a affecté tous les aspects de notre vie : travail, vie familiale, sociale, éducation, santé, consommation…
Un nouveau Jargon
Certains termes très peu utilisés ont envahi notre quotidien et se sont imposés comme maîtres de notre vocabulaire. Nous citerons à titre d’exemples : déconfinement, gel hydro-alcoolique, aseptisant, cluster, distanciation sociale/physique ou encore télétravail. Le Petit Robert n’a jamais connu un aussi bon cru.
D’autre part, d’aucuns se sont découvert une passion et des compétences en médecine et discutent aisément du R0 (Basic Reproduction Number ou nombre de reproduction de base), de la différence entre ADN et ARN, ou du système immunitaire…
Nous avons même longuement débattu du genre du mot «Covid-19 », masculin ? féminin ? transgenre ? That’s Not The Question ! Le fait est que nous avons franchi un nouveau nuage de connaissances, avec ses débats, ses émissions télévisées, ses procédures au travail, ses affiches sur les devantures de magasins… Le Net a explosé, les réseaux sociaux n’ont jamais connu une telle implosion atomique - que dis-je ? nucléaire - soufflant au passage un vent glacial de mauvaises nouvelles disséminées chaque jour, chaque heure, chaque seconde.
Le Masque / bavette
Sorte de morceau de tissu de 160 cm² devenu le sésame vous permettant l’accès aux commerces, dans les bureaux…, sans lequel vous passez pour un extra-terrestre dans la rue. Certains pays sont même très durs dans l’application de la règle, sommant les contrevenants de payer des amendes, et où certains citoyens se sont fait tabasser pour refus d’obtempérer… Et oui, pour refus de porter le masque.
Le fameux masque s’est converti par la suite en un objet de communication, de marketing et même un objet «status symbol» de différentiation, quand certaines marques de luxe ont mis leurs griffes dessus.
Il est censé nous protéger de la méchante Covid-19 telle une armure, avec son gambison, son haubert, sa chemise de maille et son casque; le tout afin de contrer le glaive de ce fameux virus micrométrique.
Anxiété et dépression
La pandémie a eu un impact désastreux sur le moral des gens. Une étude menée aux États-Unis et publiée au mois d’août 2020 par le CDC (Centers for Disease Control and Prevention) a montré que le taux d’anxiété et de dépression a été multiplié par 4 entre 2019 et 2020. L’étude n’a pas pu montrer de corrélation directe concernant les facteurs ayant conduit à un tel résultat, mais a permis d’identifier les conditions ayant très probablement mené à cette situation, à savoir le confinement, l’isolation, le manque de sociabilité, la perte de travail…
Nous nous sommes certes plus préoccupés des gens touchés par la Covid-19 que de ceux dont le mental a aussi été impacté par les mesures préventives mises en place; sans parler des personnes souffrant d’autres pathologies, mais qui ne pouvaient se déplacer pour consulter leurs spécialistes, se faire hospitaliser et prendre en charge.
New Normal
Après le confinement, nous nous sommes découvert un «New Normal». Parmi ses signaux les plus flagrants :
- Les rassemblements sont bannis.
- Les politiques de gestion des stocks de masques sont légion.
- Les restaurants servent au compte-gouttes, gèrent la distanciation et les mesures sanitaires ; à défaut, c’est la blacklist qui les attend.
- La course vers les restaurants avant 19h15, l’heure fatidique précédant le couvre-feu.
- Plusieurs secteurs d’activité risquent de disparaitre s’ils ne se réinventent pas (évènementiel, arts, loisirs, salles de sport…).
- Le «coude check» a remplacé le handshake, ainsi que les embrassades et les accolades.
- Eternuer, tousser, se moucher sont devenus des actes de détonations, tels un kamikaze dans un acte terroriste.
- Le pistolet infrarouge de relevé de température est devenu l’arme fatale qui dicte le Go/NoGo
- …
Rumeurs
La théorie du complot et les fake news ont connu un développement inégalé, allant de la thèse mettant Bill Gates au sommet des méchants voulant exterminer l’Homme, en passant par les savants de l’Institut P4 de virologie de Wuhan, plus précisément du laboratoire de Shi Zhengli, à qui on a prétendu que le virus a échappé. Les fake news n’ont pas épargné le gouvernement marocain en faisant circuler de fausses déclarations de tel ou tel ministre. Nous avons aussi observé le développement d’une maladie appelée « Transférite » qui consiste à transférer sur les réseaux sociaux et la messagerie instantanée (WhatsApp, Messenger…) tout ce qui nous tombe sous l’index à des centaines de contacts, croyant bien faire, alors qu’on participait parfois, plus à répandre la bêtise plutôt que l’amusement.
Education à distance
La problématique de l’éducation à distance a été l’un des sujets qui ont fait couler beaucoup d’encre, du fait de notre vie cadencée par le travail et l’éducation des enfants. Nous nous sommes adaptés à l’éducation à la maison tant bien que mal, avec une improvisation à la dernière minute quand il s'est agi de trouver des équipements opérationnels, une connexion au net qui se respecte et un endroit dans la maison pouvant faire cohabiter les parents en télétravail et les enfants en télé-enseignement ; bref, une équation assez difficile à solutionner. School Or Not School, la question a été posée, reposée, transposée dans tous les sens et, finalement, l’examen du bac n’était plus le même, les concours post-bac non plus, la rentrée 2021 encore moins… En résumé, une éducation disruptée !
Le Vaccin, enfin… Alléluia !
Une brise printanière est enfin en train de souffler sur l’humanité. Le débat fatidique nourrissant la crainte du vaccin a laissé place à un espoir venant d’ailleurs, où seule cette potion magique pourrait nous sauver. Jamais dans nos vies, en dehors du BCG, nous n’avons tant parlé d’un vaccin, de sa composition, des recherches le concernant, des tests, du taux d’efficacité, de la fréquence… Nous sommes Tous Virologues, pour reprendre la fameuse citation de JM Peretti (Tous DRH). Nous nous sommes mis du jour au lendemain à conseiller, débattre, donner un avis en faveur du vaccin ou en sa défaveur.
En tous cas, je me dois d’applaudir, au travers de ces lignes, la politique de gestion de cette phase de vaccination, magistralement organisée par les autorités marocaines, nous serons tous marqués à jamais par le nombre 1717, source d’enchantement.
Last But Not Least… L’économie mondiale
Les gouvernements ont fait un retour en force alors que le contrat social entre la société et l'État a été réécrit à la volée. Il est devenu courant pour les autorités de suivre où les gens allaient et qui ils rencontraient, mais aussi de payer leur salaire lorsque les employeurs ne pouvaient pas gérer cela.
Les Banques centrales ont été sollicitées pour faire tourner la planche à billets. Les taux d'intérêt ont atteint de nouveaux records de baisse. Les banquiers centraux ont intensifié leur assouplissement.
Les gouvernements ont offert le crédit comme bouée de sauvetage pendant la pandémie - et les entreprises l'ont saisie. Le résultat a été une augmentation des niveaux d'endettement de ces entreprises. La Banque des Règlements Internationaux a calculé que les entreprises non financières ont emprunté 3,36 billions de dollars nets au premier semestre 2020.
Certains types de voyage ont été pratiquement interrompus. Le tourisme mondial a chuté de 72% durant les 10 premiers mois de l'année, selon les Nations Unies. McKinsey estime qu'un quart des voyages d'affaires pourrait disparaître à jamais, à mesure que les réunions se convertissent au mode «en ligne».
En termes de gestion industrielle, nous avons aussi noté que lorsque les usines chinoises ont fermé au début de la pandémie, cela a provoqué une onde de choc dans les chaînes d’approvisionnement du monde entier - et a incité les entreprises et les gouvernements à reconsidérer leur dépendance à l’égard de la puissance manufacturière mondiale qu’est la Chine.
Un vent de changement nommé Covid-19 a apporté plusieurs leçons permettant à l’homme, qui l’a magistralement fait, de s’adapter aux situations difficiles. Un vent qui a soufflé sur toute la planète et qui restera l’un des défis de ce 21ème siècle, qui mérite plus d’une analyse et plus d’un débat. On n’écrira jamais assez sur ce bout de vie, ce qui donne raison encore une fois à Alvin Toffler qui dit : « The illiterate of the 21st Century will not be those who cannot read and write, but those who cannot learn to unlearn and relearn. ».
Souriez, Vous avez changé !
Par Mohamed SAAD