À l’occasion de la Journée mondiale du don et de la transplantation d’organes, et ce depuis sa création en 2005, soit vingt années, l’association REINS réaffirme encore son engagement en faveur de la promotion du don d’organes, de la solidarité humaine et du droit à la vie et rappelle comme chaque année l’importance vitale de ce geste altruiste qui sauve des milliers de vies à travers le monde.
En 2025, REINS met en lumière l’avenir sur le rôle croissant de l’intelligence artificielle (IA) dans le domaine du don et de la transplantation d’organes. Grâce à l’IA, la transplantation d’organes entre dans l’ère de la précision, toutes les étapes sont repensées pour être objectivées, anticipées et personnalisées. Ces innovations démarrent une transformation profonde de la médecine de transplantation plus équitable, plus sûre, et tournée vers la médecine de précision.
La technologie a joué un rôle central dans la transformation de la transplantation d’organes, passant d’un simple espoir à une réalité concrète. L’IA et l'apprentissage automatique (AA) sont de plus en plus utilisés dans le parcours de soins de transplantation, prenant en charge des tâches telles que la compatibilité donneur-receveur, la stratification du risque immunologique, la détection précoce des dysfonctionnements du greffon et l'optimisation des traitements immunosuppresseurs.
Grâce à ses capacités d’analyse, de prédiction et d’apprentissage, l’IA transforme progressivement la chaîne du don en réduisant les délais d’attente, rendant les procédures plus équitables, en prédisant les complications post-transplantation facilitant un suivi personnalisé et en accélérant la recherche clinique, pour une meilleure réussite des greffes.
L'IA offrira de nouvelles opportunités pour la transplantation. Ainsi et pendant des décennies, les molécules anti-rejet ont contribué aux progrès limités en matière de résultats à long terme pour les receveurs de greffes d'organes, une situation qui pourrait bientôt changer. Les progrès rapides de l'IA devraient accélérer considérablement le développement et la découverte de nouveaux médicaments, elle contribuera à l'optimisation des molécules et de nouveaux agents ciblant la réponse allo-immune. Elle peut aussi générer des molécules thérapeutiques potentielles présentant une spécificité et une efficacité accrues.
Optimisation de la compatibilité donneur-receveur
En intégrant et en analysant des ensembles de données comprenant des informations cliniques, génétiques et démographiques, l’IA conduit à une allocation plus précise des organes et à de meilleurs taux de réussite des transplantations.
Amélioration des protocoles thérapeutiques
L'analyse prédictive permet également de personnaliser les plans de traitement en anticipant les rejets d'organes, les risques d'infection et les trajectoires de rétablissement des patients, soutenant ainsi les stratégies d'intervention précoce et la prise en charge à long terme des patients. L'utilisation de jumeaux numériques pour les essais cliniques représente une avancée significative dans l'exploitation de l'IA générative pour évaluer efficacement les nouveaux traitements.
Progrès des techniques chirurgicales
En planification chirurgicale, l'analyse d'images pilotée par l'IA automatise la segmentation des organes, identifie les caractéristiques anatomiques critiques et prédit les résultats chirurgicaux, facilitant ainsi la planification préopératoire et réduisant les risques peropératoires.
Meilleure efficacité des centres de transplantation
L'IA optimise également l'efficacité opérationnelle des centres de transplantation en anticipant la demande d'organes, en programmant efficacement les interventions et en gérant les stocks afin de minimiser le gaspillage, simplifiant ainsi les flux de travail et améliorant l'allocation des ressources.
Les orientations futures de l'IA et de l'apprentissage automatique en médecine de transplantation comprennent l'intégration des données génomiques pour une immunosuppression de précision, le développement de la chirurgie robotique pour les interventions mini-invasives et le développement de systèmes de surveillance à distance pilotés par l'IA pour la continuité des soins post-transplantation.
Malgré ces avancées, plusieurs défis restent à relever pour l'adoption généralisée de l'IA et de l'AA en transplantation d'organes. Il s'agit notamment des préoccupations en matière de confidentialité des données, des problèmes de conformité réglementaire, de l'interopérabilité entre les systèmes de santé et de la nécessité d'une validation clinique rigoureuse des modèles d'IA.
Relever ces défis est essentiel pour garantir une utilisation fiable, sûre et éthique de l'IA en milieu clinique. La collaboration entre cliniciens, chercheurs et décideurs politiques est essentielle pour exploiter le potentiel de l'IA et de l'apprentissage automatique, transformant ainsi la médecine de transplantation et améliorant les résultats pour les patients tout en optimisant l'efficacité des soins.
Avec la poursuite des avancées technologiques, l’avenir semble prometteur pour trouver des solutions aux problèmes de pénurie d’organes et offrir de nouvelles chances de vie à des millions de patients. Le don et la transplantation d’organes ne sont plus seulement une procédure médicale, mais un témoignage vivant de la puissance du progrès scientifique et technologique au service de l’humanité.
Professeur Amal Bourquia, néphrologie, adulte & pédiatrique, transplantation, experte en éthique et communication médicales, health consulting, écrivaine, conférencière, santé numérique, présidente de la Société Marocaine Santé, Environnement et Innovation & de l'association REINS.
