Par David William, directeur des rédactions
Plus d’un million de personnes vaccinées en Israël et au Royaume-Uni, plus de 4 millions aux Etats-Unis, plus de 260.000 en Allemagne, plus de 7.000 en France… Au Maroc, qui a été l’un des premiers pays à avoir annoncé une campagne de vaccination de masse de la population contre le coronavirus, rien de concret ne se passe pour l’instant.
Si les autorités ont détaillé le plan de vaccination et confirmé avoir acquis 65 millions de doses des deux vaccins qu’elles ont choisis, la campagne en elle-même n’a pas encore commencé. Du moins, officiellement. Le Royaume s’est fixé trois mois pour assurer un taux de couverture vaccinale de près de 80%, soit une population cible estimée à 25 millions de personnes.
Ce qui implique un défi logistique de taille, qui nécessitera la mobilisation de plus de 25.600 personnes du staff médical, 27.000 m3 de congélateurs et 14 camions réfrigérants. Sauf que la réussite de cette campagne ne saurait dépendre uniquement de la mobilisation de moyens humains et matériels, aussi conséquents soient-ils. Elle reste surtout tributaire d’une adhésion massive de la population cible.
Laquelle passe, inévitablement, par une large campagne de communication et de sensibilisation. Or, sur ce registre, le gouvernement est jusqu’à présent bien timide. Et ce déficit de communication peut sérieusement compromettre l’atteinte des objectifs fixés par les autorités, dans un contexte marqué par de fortes suspicions autour du vaccin contre la Covid-19 en général. Des suspicions entretenues par la toile, où les antivaccins véhiculent des torrents de fake news pour dissuader les gens.
Le travail du gouvernement devait prioritairement être axé sur ce volet communicationnel, histoire de baliser le terrain, mais aussi de faire taire les rumeurs et les informations fallacieuses. Aujourd’hui, il n’y a aucune visibilité sur le degré d’acceptation du vaccin par la population. Le tout est donc de savoir si, le moment venu, les Marocains voudront se faire piquer.
En tout cas, un échec de la campagne serait inacceptable, l’arrivée du vaccin signifiant l’espoir d’une relance économique tant attendue. Le gouvernement est averti.