10 jours après sa défaite cuisante aux législatives, confirmée ensuite par les communales et les régionales, le commandement du PJD a voulu sauver la face lors de son Conseil national extraordinaire, samedi, devant une base disloquée et complètement sonnée.
Pour sa première apparition publique depuis cette fameuse nuit électorale du 8 septembre, l'ex-Chef du gouvernement, Saad Eddine El Otmani, est apparu souriant quelques instants avant de vite refermer le visage en prenant la parole face aux membres du Conseil national de son Parti. Dans son allocution, il a préféré la politique de l'autruche à celle de la raison, en rejetant catégoriquement l'hypothèse du "vote sanction" pour expliquer la piètre performance du PJD aux élections. Car, selon lui, cette explication ne serait pas cohérente. Il s'interroge d'ailleurs : Si nous avons subi un vote sanction, pourquoi est-ce que le RNI, qui faisait partie du gouvernement, n'a pas été sanctionné ? Un questionnement qui fait sourire le lecteur du coin des lèvres mais auquel Saad Eddine El Otmani s'est vraiment attaché. Il s'est ensuite très vite réfugié dans les éléments de langage utilisés par sa formation politique le lendemain des élections, notamment sur le trafic des voix et les irrégularités dans les bureaux de vote. En 10 jours, ce discours est toujours prédominant et le déni est à son paroxysme.
Voulant préserver la face, les membres du Conseil national du parti ont appelé à l'unité. Ses dirigeants, tous démissionnaires, insistent sur l'importance des prochaines échéances qu'il faudra préparer dès à présent. "Des élections, il y en aura d'autres", s'écria un Otmani isolé et fragilisé.
Une base disloquée
Si la tête du parti veut se relever et repartir au plus vite, sans tirer les vraies conclusions de cette défaite et sans se remettre en cause, la base est, elle, sonnée et aura besoin de beaucoup plus de temps pour se remettre de ce K.O.
La Pjdiste et députée sortante, Amina Ma Elainine, réputée pour son franc-parler, a décrit un parti au bord de l'implosion à l'issue de ce Conseil national. Pour elle, avant d'aller de l'avant, c'est de la survie du parti qu'il faudra s'assurer. "Nous sommes en réanimation. Nous ne savons pas si nous allons survivre et sous quelle forme. Nous sommes véritablement sonnés et il faudra qu'on tienne un discours franc et loin des sentiments pour sauver ce parti qu'on a construit avec nos tripes". Les pieds sur terre, Ma Elainine semble avoir une plus grande lucidité que ses aînés. Son état d'esprit décrit mieux la température ambiante de ce parti en pleine ébullition.
Des rumeurs de scission ont circulé au lendemain des votes, alimentées par des déclarations virulentes venant des sphères radicales du parti, nostalgiques de son passé de "Mouvement" et de ses débuts étincelants sur la scène politique quand il était dans l'opposition.
La maxime «diviser pour régner» s'est inversée pour le parti à la lampe, qui visiblement, est divisé après avoir conduit le gouvernement pendant une décade.