International Tout voir

Gaza : La distribution d’aide vire au carnage

Gaza : La distribution d’aide vire au carnage

Une nouvelle tragédie est venue endeuiller la bande de Gaza. Dimanche matin, au moins 31 Palestiniens ont été tués et plus de 120 blessés, dont de nombreux enfants, par des tirs israéliens alors qu’ils tentaient d’accéder à un centre de distribution d’aide humanitaire à l’ouest de Rafah, selon la Défense civile de Gaza.

Un drame de plus, sur fond de chaos humanitaire et de négociations de cessez-le-feu toujours dans l’impasse.

Les victimes se rendaient au centre de distribution géré par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation privée soutenue par Israël et les Etats-Unis.

Selon des témoignages recueillis sur place, des tirs ont visé la foule affamée depuis des drones et des véhicules blindés israéliens. «C’était le chaos, des cris partout, des gens piétinés… puis les tirs ont commencé», raconte à l’AFP Abdallah Barbakh, 58 ans, visiblement sous le choc.

L’armée israélienne, contactée par l’AFP, a indiqué qu’elle "examinait les faits". Mais l’épisode ravive les critiques contre le dispositif mis en place par Israël pour acheminer et contrôler l’aide dans un territoire où «100% de la population est menacée de famine», selon l’ONU.

Depuis plus de deux mois, les points d’entrée de l’aide humanitaire sont drastiquement restreints, ce qui a entraîné des pénuries massives de nourriture, d’eau potable, de médicaments et de carburant.

L’assouplissement partiel du blocus annoncé récemment par Israël n’a pour l’heure pas permis d’inverser la tendance.

 

Le dialogue de sourds se poursuit

Cette tuerie survient alors que les discussions sur une trêve piétinent. Un nouveau plan de cessez-le-feu, formulé par les Etats-Unis, est actuellement en négociation entre Israël et le Hamas, via des médiateurs internationaux.

Si le Hamas affirme y avoir répondu «de manière positive», Washington a sèchement rejeté sa réponse, la jugeant «complètement inacceptable».

Steve Witkoff, envoyé spécial américain pour le Moyen-Orient, nommé par Donald Trump, a déclaré sur X : «Le Hamas devrait accepter la proposition que nous avons présentée comme base pour des pourparlers, que nous pouvons commencer dès la semaine prochaine».

Le contenu de cette proposition prévoit une trêve initiale de 60 jours, durant laquelle le Hamas remettrait 10 otages israéliens  (5 vivants et 5 morts) contre la libération de prisonniers palestiniens. Un second échange serait prévu dans la deuxième semaine.

Mais pour le Hamas, les garanties apportées ne sont pas suffisantes. Bassem Naïm, membre du bureau politique du mouvement, a affirmé que c’est la réponse israélienne «qui était en désaccord avec toutes les dispositions sur lesquelles nous nous étions mis d'accord».

Le Hamas exige notamment un cessez-le-feu strict de deux mois, un afflux massif d’aide humanitaire et l’ouverture de négociations pour une fin durable de la guerre.

 

Netanyahu campe sur ses positions

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a, lui aussi, jugé la réponse du Hamas «inacceptable», estimant qu’elle «fait reculer le processus».

Il continue de poser comme condition préalable à toute trêve l’«exil du Hamas» et le «désarmement complet» de la bande de Gaza. Une ligne rouge que le mouvement palestinien rejette catégoriquement.

Selon les autorités israéliennes, sur les 251 personnes enlevées le 7 octobre 2023, 57 seraient encore retenues à Gaza, dont 34 au moins seraient mortes.

Cet épisode avait marqué le début de la guerre actuelle, à la suite d’une attaque sans précédent du Hamas sur le territoire israélien, qui avait coûté la vie à 1.218 personnes, principalement des civils.

Depuis le début de la riposte militaire israélienne, les pertes humaines côté palestinien sont vertigineuses. Plus de 54.300 morts, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, des chiffres jugés crédibles par l’ONU.

Et les opérations militaires se poursuivent à un rythme soutenu, notamment autour de Rafah, malgré les condamnations internationales répétées.

Le Conseil de sécurité de l’ONU reste paralysé, les grandes puissances campent sur des positions irréconciliables et les initiatives diplomatiques se heurtent à la réalité militaire sur le terrain. En Europe, certaines voix s’élèvent désormais contre la ligne israélienne.

En Italie, deux régions, les Pouilles et l’Emilie-Romagne, ont annoncé la rupture de leurs relations institutionnelles avec le gouvernement israélien.

La tension est également palpable du côté arabe.

Une délégation ministérielle de haut niveau, composée de représentants de l’Arabie saoudite, de la Jordanie, de Bahreïn, d’Egypte et du secrétaire général de la Ligue arabe, s’est vu interdire par Israël l’accès à la Cisjordanie, où elle comptait rencontrer Mahmoud Abbas à Ramallah.

Ce refus, dénoncé comme une «violation flagrante du droit international» par les pays arabes, reflète le durcissement d’Israël vis-à-vis de toute tentative diplomatique visant à relancer le processus de paix.

 

Solution à deux Etats

Tel-Aviv refuse d’entendre parler de la création d’un Etat palestinien, qualifié par un responsable israélien d’«Etat terroriste au cœur de la terre d’Israël».

En juin, l’Arabie saoudite et la France co-présideront à New York une conférence internationale censée raviver la solution à deux États.

Mais dans le contexte actuel, marqué par des bombardements quotidiens, des milliers de morts, une famine endémique et une dynamique politique radicalisée de part et d’autre, les perspectives de paix semblent de plus en plus irréelles.

 

Articles qui pourraient vous intéresser

Jeudi 22 Mai 2025

Gaza : Permis de tuer !

Lundi 19 Mai 2025

Netanyahu : Israël va "prendre le contrôle de toute" la bande de Gaza

Dimanche 18 Mai 2025

Gaza : Israël pousse l’horreur à son sommet

S'inscrire à la Newsletter de La Quotidienne

* indicates required