Confrontée à une crise économique sans précédent et à une inflation galopante après la chute de sa monnaie, la junte militaire algérienne a choisi de ne plus soutenir le pouvoir d'achat des consommateurs pour préserver le peu de ressources financières qui lui reste.
Les députés ont ainsi approuvé mercredi un article de la loi de finances pour 2022 ouvrant la voie à la suppression des subventions qui bénéficient à tous les ménages, indépendamment de leurs revenus. Cette décompensation sursprise n'a pas été précédée par un quelconque débat pour préparer la population. Le gouvernement a promis un système compensatoire ciblant les couches les plus modestes, mais cela n'a pas suffi à rassurer la population.
Confrontée depuis 7 ans à une chute de ses revenus d'hydrocarbures, l'Algérie veut rapidement mettre fin à un système d'aides qui engloutit des milliards de dollars chaque année.
Le budget pour 2022 prévoit encore l'équivalent de 17 milliards de dollars de transferts sociaux, dont les mesures compensatoires et les aides à l'éducation, la santé, le logement et à la famille. Mais ce chiffre est très en deça des 30 et 40 mds par an sur la période 2012-2017.
Les subventions s'étaient substituées, lors du passage à l'économie de marché dans les années 90, au système de contrôle des prix, hérité de l'économie planifiée adoptée à l'indépendance du pays en 1962.
Les prix des fruits et légumes ont connu une flambée ces dernières semaines. Celui de la pomme de terre a momentanément triplé à 140 dinars contre 40 dinars, sous l'effet d'une pénurie de cet aliment essentiel en Algérie. Une pénurie due à un trafic de spéculateurs démantelé par les autorités.
Au Maroc, pays voisin, la réforme de la compensation est menée depuis une dizaine d'année, de manière graduelle, pour préserver le pouvoir d'achat des citoyens. La visibilité offerte par l'Etat sur ce sujet a permis d'éviter la volatilité et la spéculation à chaque épisode de décompensation.