Des tirs nourris en l’air ont été audibles, lundi matin, dans plusieurs villes ivoiriennes, notamment à Abidjan, Bouaké et à Bondoukou, théâtre d’un mouvement d’humeur de soldats réclamant le paiement de leurs primes promises par le gouvernement, rapportent des médias locaux. Dans la métropole économique ivoirienne, Abidjan, des tirs sporadiques en l’air ont été entendus dans les camps militaires d’Akouedo (est d’Abidjan) et au camp de Gallieni, au quartier administratif et financier du Plateau (centre ville). Les voies d’accès à ces deux camps sont restées fermées à la circulation, alors que les banques ont préféré garder leurs portes fermées pour des mesures de sécurité.
A Bouaké, des tirs à l’arme ont été fréquents, effrayant une partie de la population, bien que l’état major général des armées de Côte d’Ivoire ait annoncé, dimanche soir, qu’une opération militaire est en cours pour rétablir l’ordre. Après un bref retour au calme et l’ouverture des corridors à la circulation dimanche soir, la ville de Bouaké s’est retrouvée encore ce lundi sous l’emprise de soldats mutins. Mécontents et déterminés à ne pas renoncer à leurs primes, les mutins sillonnaient différents coins de la ville, se livrant à des tirs sporadiques en l’air. A rappeler que cette mutinerie à Bouaké, deuxième ville ivoirienne et capitale de la rébellion de 2002, et dans la ville de Korhogo, a déjà fait un mort et plusieurs blessés.
A Bondoukou, des tirs nourris ont été entendus ce lundi matin, alors que depuis vendredi dernier, des soldats du bataillon de sécurisation de l’est (BSE) occupent les rues et les deux grands corridors de la ville, pour exprimer leur mécontentement, note de son côté l’Agence Ivoirienne de Presse (AIP), faisant savoir que ces agissements ont paralysé l’administration et le commerce et créé la frayeur chez les populations.
Dimanche soir, le Chef d'état major général des Armées de Côte d’Ivoire a lancé à nouveau un appel aux soldats "indisciplinés", leur demandant de libérer immédiatement les corridors, de retourner dans les casernes et de déposer les armes. "Tous ceux qui continueront de défier les autorités, d'entraver les activités et la quiétude des populations, ainsi que le fonctionnement normal de l'Etat subiront les sanctions disciplinaires les plus sévères, telles que prévues par le Règlement de discipline générale", a-t-il averti. Et d’expliquer que ''ces actes d’une extrême gravité demeurent contraires à la mission de protection assignée aux forces armées’’, notant qu’en conséquence, "une opération militaire est en cours pour rétablir l’ordre".
Les mutins avaient réclamé 12 millions FCFA pour chacun d’eux et obtenu le versement dès janvier de 5 millions FCFA. On leur avait promis les 7 millions restants par tranche à partir de ce mois de mai, rappelle-t-on.
Cette nouvelle mutinerie a éclaté au lendemain d’une rencontre jeudi dernier au palais présidentiel à Abidjan, entre le président de la république, Alassane Ouattara, et des représentants des mutins venus présenter leurs excuses officielles au Chef de l’Etat et s’engager à être des militaires "loyaux et responsables’’.
Par la même occasion, le gouvernement, par le biais du ministre chargé de la Défense, Alain Richard Donwahi, avait annoncé une batterie de mesures allant dans le sens de l’amélioration des conditions de vie et de travail des militaires ivoiriens.