- La baisse de la pluviométrie a impacté la productivité de la faune sauvage.
- Absence des touristes étrangers et difficultés pour le renouvellement ou l’octroi des permis de chasse
La chasse est une pratique ancrée dans les traditions des Marocains. Depuis des siècles, elle a existé dans plusieurs régions du Royaume. La diversité naturelle et géographique du pays a assuré à cette activité tous les ingrédients nécessaires pour se maintenir et se développer, au point que le Maroc devient une destination très prisée des chasseurs venant de plusieurs pays étrangers.
C’est un domaine strictement réglementé, avec un arsenal juridique dédié afin d’assurer un renouvellement de la faune et de préserver les espèces menacées.
Mais, cette année, le démarrage de la saison coïncide avec deux faits majeurs ayant eu un effet néfaste sur toute la chaîne. Il s’agit de la crise sanitaire et de la sécheresse.
«L’insuffisance des pluies durant les deux dernières années a impacté le couvert végétal dans les forêts et les zones humides, entraînant au passage la baisse de la productivité de la faune. Dès les deux premières semaines du démarrage de la chasse, nous avons constaté un amenuisement du petit gibier. Un constat qui a déçu les chasseurs», souligne Bouchaib Amiri, secrétaire permanent de la Fédération royale marocaine de la chasse (FRMC).
Il précise également que «la crise sanitaire a perturbé l’opération de renouvellement ou d’octroi de nouveaux permis de chasse. Cela a réduit le nombre de chasseurs aptes à s’adonner à leur vocation en toute conformité. Par ailleurs, la fermeture des frontières a diminué aussi le nombre de touristes étrangers intéressés par cette pratique».
Selon le département des Eaux et forêts, la chasse est pratiquée par plus de 80.000 chasseurs et 3.000 touristes cynégètes.
L’activité a un effet important sur le tourisme rural et permet de créer deux millions de journées de travail chaque année.
Mais, cette saison, les opérateurs touristiques qui commercialisent ce genre de circuit ont constaté quelques perturbations.
C’est le cas de la Société de chasse touristique (Sochatour) créée il y a 40 ans et qui a pour vocation d’associer ce loisir avec le tourisme, l’histoire et la découverte des traditions.
Elle dispose de plusieurs réserves naturelles d’une superficie totale de 320.000 ha.
Ces réserves sont réparties dans plusieurs régions du Royaume comme Benslimane (4.900 ha), Arbaoua (120.000 ha), Marrakech (17.000 ha), Beni Mellal (17.000 ha) ou Taroudant (118.000 ha).
Ces réserves sont gérées par le système d’amodiation qui permet aux associations ou sociétés spécialisées de bénéficier d’une location d’espace de chasse d’un domaine public ou privé selon un cahier des charges bien précis.
«A cause de la fermeture des frontières et les restrictions de déplacements entre les pays, les touristes étrangers intéressés par la chasse sont très rares. Pour leur part, les chasseurs marocains ou résidant au Maroc trouvent quelques difficultés pour se déplacer vers les autres régions. Nous leur préparons des vouchers afin qu’ils puissent avoir l’autorisation. En revanche, nous avons constaté que la fréquence de sortie des chasseurs marocains s’est multipliée car la plupart d’entre eux ne peuvent pas voyager à l’étranger. Auparavant, ils faisaient en moyenne une sortie par mois ou par quinzaine. Actuellement, ils optent pour des sorties quasi hebdomadaires», souligne Aicha Ouarii, responsable communication à Sochatour.
Elle ajoute que «pour satisfaire les besoins de nos clients et compenser le manque de la faune, nous procédons à des opérations de lâchers de petits gibiers. Nous restons très vigilants sur certaines espèces vulnérables comme les cerfs».
Il est à souligner que les opérateurs des circuits de chasse ont été contraints de respecter le protocole sanitaire, notamment l’utilisation des masques et le respect de la distanciation.
Les cérémonies festives organisées après chaque partie de chasse ont été soit annulées, soit le nombre de personnes participantes réduit au maximum.
Charaf Jaidani