Le 8 janvier dernier au Parlement, Mohamed Yatim, ministre de l'Emploi et de l'Insertion professionnelle, nous gratifiait d’un exposé très optimiste sur la situation de l’emploi au Maroc.
«Le gouvernement a pris un certain nombre de mesures sans précédent dans le domaine de l'emploi. Au total, 42.718 emplois ont été créés en 2017 et dans le budget 2018, outre la création de 55.000 emplois par contrat pour l'année 2018-2019», disait-il.
C’est sur ce même ton rassurant que s’est prononcé, lundi 5 février au sein de l’hémicycle, le chef de gouvernement.
Saad Eddine El Othmani aura été ainsi pour le moins très disert, égrenant les différentes dispositions prises par le gouvernement pour résoudre la problématique de l’emploi :
• enveloppe «exceptionnelle» de 77 MDH allouée pour améliorer les conditions d'accueil et d'enseignement au profit des étudiants durant l'actuelle année universitaire (2017-2018);
• mise en place de plans sectoriels pour le développement de la formation professionnelle dans des secteurs vitaux, ce qui a permis d’intégrer environ 83,7% des diplômés;
• projet «Éducation et formation pour l'employabilité» signé par le gouvernement et Millenium Challenge Corporation (MCC) et entré en vigueur le 30 juin 2017, qui a nécessité 220 millions de dollars;
• projet de loi cadre N° 51.17 relative au système de l'éducation, de formation et de recherche scientifique qui prévoit une série de mesures visant à garantir un enseignement de qualité pour tous…
Bref, tout y est passé. A voir le panorama dressé et toutes les mesures, on croirait presque que le Maroc est quasiment en situation de plein emploi (sic !). Et pourtant !
Les chiffres publiés lundi dernier (5 février) par le haut-commissariat au Plan sont néanmoins sans équivoque et balaient l’optimisme béat du gouvernement : le nombre de chômeurs est passé de 1.167.000 à 1.216.000 personnes entre 2016 et 2017, faisant ainsi passer le taux de chômage au niveau national de 9,9% à 10,2%.
Situation problématique ? Oui, surtout au regard de l'importance des ressources financières allouées au secteur de l'éducation et de la formation : la Loi de Finances 2018 a programmé 59,2 Mds de DH pour ce secteur, soit 5 Mds de DH de plus par rapport à 2017.
A l’évidence, les problèmes structurels du système de l’éducation, souvent décriés par le Roi, persisteront tant que le gouvernement sera dans le déni. Et de nouveaux diplômés viendront encore grossir les rangs des chômeurs chaque année. Malgré tous ces milliards de DH injectés dans le système éducatif.■
D. W.