On croyait qu’avec le temps l’affaire allait être doucettement enterrée. On croyait qu’avec le temps, et avec les voix des habitants du Rif qui deviennent moins audibles, il n’y aurait pas de suite… à la colère royale. Du moins, certains le croyaient en tout cas. A tort manifestement.
Rappelez-vous ! Lors d’un Conseil des ministres tenu au Palais royal à Casablanca, le 25 juin dernier, le Roi Mohammed VI avait fait part au gouvernement, notamment aux ministres concernés par le programme Al Hoceima Manarat Al Moutawaset, «de sa déception, de son mécontentement et sa préoccupation» au sujet de la non exécution des projets inscrits dans ce grand programme de développement dans les délais impartis. Le Roi avait aussi donné ses instructions aux ministres de l'Intérieur et des Finances pour que l'inspection générale de l'Administration territoriale et l'IGF mènent les enquêtes nécessaires à ce sujet, fixent les responsabilités et établissent un rapport dans les plus brefs délais. Le Roi est même allé plus loin en décidant de ne pas autoriser les ministres concernés à bénéficier du congé annuel pour assurer le suivi des projets mentionnés.
Trois mois se sont écoulés depuis. Et il faut croire que la détermination du Souverain à faire la lumière sur les causes profondes du retard de ce programme est restée intacte. On en a d’ailleurs eu la preuve lundi dernier. Le Souverain s’est enquis des conclusions de l’enquête en recevant à Rabat le chef du gouvernement, le ministre de l’Intérieur, le ministre de l’Economie et des Finances et le Premier président de la Cour des comptes. Dans les rapports qui lui ont été soumis, figurent les motifs qui ont conduit au retard, voire à la non exécution de plusieurs composantes de ce programme de développement. Mais également les responsabilités qui incombent à chaque intervenant, y compris ceux qui ne sont plus en poste à l’heure actuelle. Point positif de ces rapports, si tant est qu’on le peut qualifier ainsi : ils excluent tout acte de malversation ou de fraude.
Aussi, par souci d’équité, de rigueur et de transparence, le Souverain a demandé à la Cour des comptes de procéder à l’examen de ce même sujet. Et elle dispose, pour ce faire, d’un délai maximal de 10 jours. C’est dire que le fin mot de l’histoire n’est pas encore dit. Si les responsabilités sont clairement établies, forcément les sanctions vont suivre.
A l’évidence, la démarche du Souverain a ceci de pertinent que, désormais, tous les projets qui seront lancés à travers le Royaume ne souffriront plus de ce laxisme outrancier qui prévalait jusqu’à un passé récent. Néanmoins, et il est utile de le rappeler encore une fois, il est dommage de constater qu’il a fallu que le Roi sorte de sa réserve pour que les responsables prennent conscience… de leur responsabilité envers la collectivité.■
D. W.