Le Maroc a amélioré de neuf places son classement mondial dans l'Indice de perception de la corruption (IPC) en 2017, par rapport à l’année précédente. Mais il n’y a pas de quoi se réjouir.
Au niveau mondial, le Royaume est 81ème (40 poins) sur 180 pays, selon Transparency Maroc. Il se classe 7ème parmi les pays arabes, derrière les Emirats arabes Unis, le Qatar, l’Arabie saoudite, la Jordanie, Oman et la Tunisie.
La lutte contre la corruption a toujours été, rappelons-le, le thème favori du PJD (au pouvoir) lorsqu’il battait campagne. Or, hormis les promesses électorales et les déclarations d’intention, il semble bien que ce chantier avance assez timidement.
D’ailleurs, depuis l’annonce par le gouvernement de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption fin 2015, "aucune mesure de mise en œuvre de ses dispositions n’a pu voir le jour jusqu’à présent", a déploré, mercredi, le secrétaire général de Transparency Maroc, Ahmed El Bernoussi.
Le lendemain de la sortie de El Bernoussi, le gouvernement s’est à son tour exprimé pour signaler que la lutte contre la corruption figure parmi ses grandes priorités, non sans mettre en orbite le gain de neufs place dans l’IPC.
Sauf que les chiffres donnés par le porte-parole gouvernement, Mustapha El Khalfi, laissent à croire qu’il y a encore beaucoup à faire dans ce domaine. En effet, depuis le lancement en 2015 du numéro vert de lutte contre la corruption, le nombre de cas dénoncés est passé de 7.000 à 13.000 annuellement.
Aussi, plusieurs personnes ont été condamnées à des peines de prison dans 31 affaires de corruption.
Le chef du gouvernement, Saad Eddine El Othmani, a néanmoins la lucidité d’avouer que "si notre pays a réalisé un progrès en matière de lutte contre la corruption, ce progrès reste insuffisant et nous sommes insatisfaits.
Nous aspirons à davantage de progrès et à la réalisation du meilleur pour notre pays dans le présent et l'avenir".
Selon lui, le fait de ne pas lier la responsabilité à la reddition des comptes et l’absence de sanctions en cas de violation des procédures ou dans des cas de corruption encouragent ce fléau dans la société.
Il promet, à ce titre, une réunion de la Commission nationale de lutte contre la corruption dans un mois mais, surtout, la révision d'un certain nombre de lois et de décrets "pour hisser le degré de la transparence à tous les niveaux". On ne demande qu’à voir.
A noter, comme le souligne Transparency Maroc, que parmi les secteurs les plus touchés par la corruption dans le Royaume, figurent notamment la justice, l’immobilier, la police, l’administration et la santé. Et dire que c’est la justice qui est censée statuer sur les dossiers de corruption !■
D. W.