Ceux qui la croyaient finie politiquement se sont lourdement trompés. Rachida Dati est ce qu’on appelle un animal politique coriace. Elle a pris des coups. Sa vie privée a fait l’objet de commentaires de variété. Ses positions politiques ont été critiquées. Mais la politicienne connaît la chanson.
Par Abdelhak Najib
Écrivain-journaliste
Ancienne garde des Sceaux, proche de Nicolas Sarkozy, elle a marqué son passage comme ministre. Depuis, le 11 janvier 2024, elle revient, reprend du service et occupe le poste de ministre de la Culture. Un ministère important en France à plus d’un égard. Ce département stratégique est la vitrine de la République française à l’intérieur de l’Hexagone comme à l’étranger. C’est ce ministère qui porte ce que la France nomme son exception française, qui rayonne par les arts et la culture. À juste titre d’ailleurs, parce que la culture a toujours été l’un des moyens les plus efficaces pour représenter un État et une nation face au monde et aux autres cultures.
Nommer Rachida Dati à ce poste implique plusieurs significations. D’abord, c’est une Maghrébine qui en prend les commandes. Une enfant de l’immigration, qui a intégré les deux cultures. Une Marocaine riche de ses origines et de leur héritage sachant naviguer dans les eaux troubles des frictions civilisationnelles, à un moment où les relations entre Rabat et Paris sont pour le moins très tendues. Avec une figure aussi forte que Rachida Dati, il est clair que la culture en France avait besoin d’une responsable qui a de la poigne, avec du caractère, à la fois agressive et revencharde n’hésitant pas à ruer dans les brancards et à monter au créneau. Futée, audacieuse ne mâchant pas ses mots, Rachida Dati est un choix judicieux pour ce gouvernement Macron qui veut se donner un second souffle après des mois à tirer la langue se perdant entre hésitation et approximation.
Rachida Dati, ministre de la Culture, c’est la volonté affichée de faire de ce portefeuille l’un des plus importants de ce qui reste du second mandat du président Macron. Un signal fort pour apaiser les tensions culturelles dans une France de plus en plus clivée et divisée. Une France qui a besoin d’union par la culture au-delà des communautarismes. Une France qui se doit de résorber le gap culturel entre des populations stigmatisées et en manque et de repères socioculturels et de visibilité politique. C’est dans ce contexte brûlant, avec de profondes tensions sociales sur fond de racisme et de xénophobie couplée à une islamophobie galopante que Rachida Dati est chargée d’une mission délicate : réconcilier les cultures d’un pays en clans opposés.